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Lois conditionnelles

Dans ce paragraphe , $ X$ désignera une variable aléatoire à valeurs dans $ E$ .

  1. Conditionnement par une algèbre: Soit $ {\cal F}$ une algèbre (engendrée par une partition $ {\cal P}$ ) ; si $ x\in E$ , on posera
    $\displaystyle \Pi _X(x\vert {\cal F})=\textbf{P}[\{X=x\}\vert {\cal F}]=\textbf{E}[1_{\{X=x\}}\vert {\cal F}]$
    (Bien noter qu'il s'agit d'égalités entre variables aléatoires $ {\cal F}$-mesurables) . Les v.a. $ \Pi_X(x\vert {\cal F})$ possèdent les 2 propriétés suivantes resultant immédiatement de ce que nous avons vu en 2.3.3
    1. $ \forall x\in E \hspace{2cm}\Pi _X(x\vert {\cal F})$ est $ {\cal F}$-mesurable et $ \geq 0$
    2. $ \forall \omega \in \Omega \hspace{2cm}\sum_{x\in E}\Pi_X(x\vert {\cal F})=\textbf{E}[1_\Omega\vert {\cal F}]=1$

    Pour y voir plus clair, notons provisoirement $ Q$ la fonction de 2 variables définie par $ Q(x,\omega )=\Pi_X(x\vert {\cal F})(\omega ) $ ; les propriétés (a) et (b) s'expriment sur $ Q$ de la façon suivante:

    1. $ \forall x\in E\hspace{2cm}\omega \mapsto Q(x,\omega )$ est $ {\cal F}$-mesurable et $ \geq 0$
    2. $ \forall \omega \in \Omega \hspace{2cm}x\mapsto Q(x,\omega )$ est une probabilité sur $ E$
    Cette fonction $ Q$ , que l'on notera $ \Pi_X(.\vert {\cal F})$ sera appelée loi conditionnelle de $ X$ quand $ \cal F$ . On se rappellera qu'il s'agit , (cf (b)) , d'une famille de lois de probabilité sur $ E$ indexée par $ \Omega $
  2. Conditionnement par une variable aléatoire Soit $ Z$ une variable aléatoire à valeurs dans $ F$ ; on supposera comme d'habitude que $ Z(\Omega)=F$ . La loi conditionnelle de $ X$ quand $ Z$ sera par définition $ \Pi_X(.\vert {\cal F}(Z))$ . Cet objet est donc , comme au point 1. précédent dont nous reprenons les notations, une fonction $ Q$ des 2 variables (x,$ \omega $ ) ; mais d'après (b) , et compte tenu de
    2.3.2 , il existe $ q:E\times F\mapsto [0\;\;\; 1]$ telle que $ Q(x,\omega )=q(x,Z(\omega ))$ , $ q$ se calculant très simplement par la formule $ q(x,z)=\textbf{P}[X=x\vert Z=z]$ ; on a donc l'égalite $ \Pi_{(X,Z)}(x,z)=q(x,z)\Pi_Z(z)$ qui permet de montrer de facon élémentaire une relation que vous avez sans doute déjà vue dans votre jeunesse:
    $\displaystyle \textbf{E}[f(X,Z)]=\sum_{z\in F}\Pi_Z(z)\sum_{x\in E}f(x,z)q(x,z)$
    On peut retrouver cette formule par une voie plus abstraite , (ce que je vous conseille de faire pour vous habituer au maniement des espérances conditionnelles ) ; c'est une conséquence simple de l'égalité $ \textbf{E}[f(X,Z)]=\textbf{E}[\textbf{E}[f(X,Z)\vert Z]\,]$ et de ([*]) .
  3. Lois conditionnelles et indépendance : On a vu en ([*]) que l'indépendance d'un couple ($ X,Z$) de v.a.r. entrainait l'égalité $ \textbf{E}[X\vert Z]=\textbf{E}[X]$ ; la réciproque est grossièrement inexacte (trouver un contre-exemple) ; il existe en revanche une condition nécessaire et suffisante d'indépendance en termes de loi conditionnelle ; on a le résultat suivant :
    $ X$ et $ Z$ sont indépendantes si et seulement si $ \Pi_X(.\vert Z)=\Pi_X$
    Cette égalité signifie que la famille de probabilités indexée par $ \Omega $ figurant au premier membre est en réalité réduite à la seule loi marginale de $ X$ . La démonstration de ce résultat,très simple, est laissée au lecteur .


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Jacques Azéma