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Proposition :

On a les égalités
$\displaystyle C_n-P_n=S_n^l-\frac{K}{{(1+r)}^{N-n}}\hspace{1cm} \forall n\leq N$ (4.15)

Démonstration : Notre marché comporte maintenant les $ d+ 3$ actifs $ \{0,1,\ldots ,d,c,p\}$ admettant pour cours à l'instant $ n$ $ \bar{S_{n}} =Â¥S_{n},C_{n}, P_{n}$ et est supposé viable. Nous allons montrer que, si l'égalité ([*]) n'est pas satisfaite, il existe une stratégie d'arbitrage ; pour ne pas trop alourdir ces notes, nous nous bornerons au cas $ n=0$ en laissant au lecteur, que je sais friand d'exercices, le soin d'en déduire une démonstration générale.
  1. Supposons $ C_{0}Â¥-P_{0}Â¥>S^l_{0}Â¥-\frac{K}{{(1+r)}^N}$ .

    Soit ( $ (\psi_{n}^k)\;;\;0\leq n \leq N\;;\;k\in \{1,2,\ldots d ,c,p\}$ ) la suite vectorielle prévisible à valeurs dans $ {\mathbb{R}}^{d+2}$ définie par

    $\displaystyle \psi_{n}^l =1\;;\;\psi_{n}^c =-1\;;\;\psi_{n}^p =1\;\;\forall n\geq 0\;\;;\;\;\psi_{n}^k =0\;\;\forall n\geq 0\;\;\forall k\notin \{l,c,p\}Â¥$
    D'après la proposition [*], il existe une statégie autofinancée $ \phi $ coïncidant avec $ \psi$ sur les actifs risqués et telle que $ V_{0}(\phi)=0$ .

    On a donc

    $\displaystyle V_{n}(\phi)=S_{n}^l-C_{n}+P_{n}+\phi_{n}^{0}S_{n}^{0}\;\;\;\;\;\forall n\geq0$ (4.16)

    et en particulier,
    $\displaystyle S_{0}^l¥-C_{0}+P_{0}+\phi_{0}^{0}=0$ (4.17)

    Puisque $ \phi $ est autofinancée, on a d'autre part
    $\displaystyle V_n(\phi)=<\phi_{n+1},\bar{S_{n}}>=S_{n}^l-C_{n}+P_{n}+\phi_{n+1}^{0}S_{n}^{0}$ (4.18)

    La comparaison de (4.16) et (4.18) montre que $ \phi_{n}^{0}¥¥$ ne dépend pas de $ n$ ; il résulte alors de (4.17 ) que
    $\displaystyle \phi_{n}^{0}$ $\displaystyle =$ $\displaystyle \phi_{0}^{0}\;=\; C_{0}-P_{0}-S_{0}^l$ (4.19)
    $\displaystyle V_{n}(\phi)$ $\displaystyle =$ $\displaystyle (C_{0}-P_{0}-S_{0}^l)(1+r)^n +S_{n}^l-C_{n}+P_{n}$ (4.20)
    $\displaystyle V_{N}(\phi)$ $\displaystyle =$ $\displaystyle (C_{0}-P_{0}-S_{0}^l)(1+r)^{N}+K$ (4.21)

    La stratégie $ \phi $ constitue donc un arbitrage ce qui interdit au marché d'être viable.

    Dans une salle de marché , la manière pratique de mettre en oeuvre cette stratégie serait la suivante : à l'instant 0 vous achetez une action et un put et vous vendez un call ; cela vous procure une quantité (algébrique) d'argent liquide égale à $ C_{0}Â¥-P_{0}Â¥-S_{0}^lÂ¥$ que vous placez au taux $ r$ si elle est $ >0$, et que vous empruntez au même taux si elle est $ <0$ ; vous ne touchez à rien jusqu'à la date $ N$ ; votre quantité de numéraire est alors $ (C_{0}Â¥-P_{0}Â¥-S_{0}^lÂ¥)({1+r})^N$ ; deux cas peuvent maintenant se présenter :

    1. $ S_{N}^lÂ¥>K$ ; l'acheteur du call l'exerce, vous lui livrez l'action que vous possédez au prix $ K$, et votre put ne vaut rien. La valeur de votre portefeuille est donc bien celle que nous avons calculée.
    2. $ S_{N}^lÂ¥<K$ ; l'acheteur du call a perdu son argent, vous vendez votre action au prix $ K$, ce que vous autorise la possession d'un put ; la valeur de votre portefeuille est encore la même .
    Vous avez donc réussi à obtenir un "free lunch".
  2. Si au contraire $ C_{0}Â¥-P_{0}<S_{0}^lÂ¥-\frac{K}{{(1+r)}^N}$ , la stratégie consistant à acheter le call, à vendre le put et emprunter l'action conduit au même résultat (un arbitrage) ; le lecteur pourra avec profit écrire complètement le formalisme mathématique correspondant.
  3. Vous disposez maintenant des éléments suffisants pour imaginer une stratégie prévisible permettant d'établir l'égalité $ (4.15)$, qui, vous l'avez noté, est une égalité entre variables aléatoires.


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Jacques Azéma