L'idée qu'un marché, (on n'ose dire une
société), fonctionne efficacement s'il n'existe pas
de stratégie d'arbitrage joue un rôle fondamental. Il
y a pour cela des raisons techniques : si le cours d'une action a
une évolution qui rend possible une stratégie
d'arbitrage, elle va faire l'objet d'achats massifs, ce qui aura
pour effet de faire monter son cours faisant ainsi
s'évanouir les espoirs de gains sans risque qu'elle
procurait. On peut donc admettre "qu'en régime stationnaire"
, tout marché est viable . Notons que ce retour à la
viabilite est d'autant plus rapide que la spéculation est
plus importante ; celle ci, au lieu d'apparaitre comme une hydre
malfaisante, (sous la terreur, la spéculation sur les grains
conduisait les "affameurs" à la lanterne), devient un mal
nécessaire permettant la régulation du marché.
Allons un peu plus loin : ce qui est interdit dans ce qu'on appelle
souvent une "écononomie casino", ce n'est pas le fait de
"s'enrichir en dormant" qui indignait naguère un
président de la république , c'est celui de
s'enrichir sans risque, ce que nous appelons ici un arbitrage .
Dans la nouvelle morale, fille de la nouvelle économie, la
vertu la plus célébrée par les médias
n'est d'ailleurs plus l'ardeur au travail mais le goût du
risque .